By Timothy S. Flanders
Translated by Marguerite-Marie LeFranc
Vous avez peut-être du mal avec cette crise. Vous pouvez être scandalisé par les mauvais prêtres ou par le Saint-Père lui-même. Vous vous posez peut-être simplement la question : que faut-il faire ? (Actes ii. 37). Voici cinq moyens de s’en sortir.
I. Prenez votre croix avec virilité, comme un saint.
Ce n’est pas la première crise que traverse l’Église. Nous avons traversé de nombreuses guerres, des effusions de sang, des fléaux, eu de mauvais papes, de mauvais prêtres, vu des armées catholiques en guerre contre d’autres armées catholiques, l’invasion mahométane, des invasions vikings, des campagnes d’extermination romaines, britanniques, nazies, communistes pour ne citer que ceci mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés (Rom. viii. 37). Saint-Paul a écrit ces mots alors que notre foi n’avait pratiquement aucun adhérent, mais il a virilement pris sa croix pour l’amour du Christ-Roi afin de supporter les coups, les naufrages, les fléaux, la lapidation, le péril constant, la nudité, le froid et la faim (II Cor. xi. 25-27). Pourquoi ? Parce qu’il savait que le Christ-Roi avait vaincu et vaincrait. Donc la première démarche est intérieure : prenez votre croix avec virilité comme tous nos pères l’ont fait avant nous. Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela veut dire prendre la résolution inébranlable de vivre et mourir dans cette foi. Accepter et aimer cette souffrance, l’unir à la Passion de notre Seigneur et l’offrir à Dieu Tout- Puissant. Le faire dans l’espérance, sachant que même si vous mourez avant de voir “la Liberté et l’Exaltation de notre Sainte Mère l’Église”, cela viendra pourtant.
Le Prophète déclare : Espère en l’Éternel ! Fortifie-toi et que ton coeur s’affermisse ! Espère en l’Éternel ! (Ps. Xxvii. 14). Et ailleurs, le Bienheureux Apôtre s’écrie : Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous. Que tout ce que vous faites se fasse avec charité. (I Cor. Xvi. 13-14). À travers tous les siècles, lors de chaque crise de l’Église, nos pères ont pris leurs croix avec virilité et ont surmonté les épreuves. Et beaucoup d’entre eux sont morts avant la victoire. Cette crise, comme toutes les autres crises de l’histoire, n’est rien pour Dieu Tout-Puissant qui est un feu dévorant, qui donne la vie aux morts, et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient (Héb. xii. 29 ; Rom. iv. 17). Pour lui, les nations sont comme une goutte d’un seau. Elles sont comme la poussière sur une balance ; Voici, les îles sont comme une fine poussière (Is. Xl. 15). Nous parlerons de cette histoire plus en détail à l’avenir.
Saint Thomas définit l’efféminement comme une réticence à souffrir en raison d’un attachement au plaisir (ST II-II q138 a1). Le fait que notre époque ai été, en grande partie, dominée par des hommes efféminés a été une cause majeure de la crise. Alors arrêtez d’être efféminé. Renoncez à tous les plaisirs et prenez votre croix avec virilité. Imprégnez-vous des mots de L’Imitation de Jésus-Christ :
“Cette parole semble dure à plusieurs : Renoncez à vous-mêmes, prenez votre Croix, et suivez Jésus (Lc 9, 23). Mais il sera bien plus dur, au dernier jour, d’entendre cette parole : Retirez-vous de Moi, maudits, allez au feu éternel ! (Mt. 25, 41) Ceux qui écoutent maintenant volontiers la parole qui commande de porter la Croix, et qui y obéissent, ne craindront point alors d’entendre l’arrêt d’une éternelle condamnation. “(Imitation Bk. II, Ch. Xii).
Ainsi, nous devons voir et considérer non seulement le triomphe terrestre du Christ-Roi, mais aussi notre propre mort, le compte que nous devons rendre à Jésus-Christ. Que répondrez-vous au Juste Juge ? Passons au deuxième point.
II. Lisez L’Imitation de Jésus-Christ et mettez en pratique ses enseignements.
On dit que ce livre est le livre le plus vendu de tous les temps en dehors de la Bible – et pour cause. Ce livre distille la vie spirituelle mieux que n’importe quel livre. Si un livre pouvait résumer toute la spiritualité occidentale, c’est bien celui-là. Vous y apprendrez, de manière détaillée, comment “prendre votre croix intérieure”. Mais attention, ce livre vous bottera les fesses et n’aura aucune pitié envers vous. Considèrez ceci :
“Jésus-Christ Lui-même, Notre-Seigneur, n’a pas été une seule heure dans toute Sa vie sans éprouver quelque souffrance : Il fallait, dit-Il, que le Christ souffrît, et qu’Il ressuscitât d’entre les morts, et qu’Il entrât ainsi dans Sa gloire (Lc 24, 26 et 46). Comment donc cherchez-vous une autre voie que la voie royale de la sainte Croix ? Toute la vie de Jésus-Christ n’a été qu’une croix et un long martyre, et vous cherchez le repos et la joie ! Vous vous trompez, n’en doutez pas ; vous vous trompez lamentablement, si vous cherchez autre chose que les afflictions à souffrir ; car toute cette vie mortelle est pleine de misères et environnée de croix. Et plus un homme aura fait de progrès dans les voies spirituelles, plus ses croix souvent seront pesantes, parce que l’amour lui rend son exil plus douloureux. Cependant celui que Dieu éprouve par tant de peines n’est pas sans consolations qui les adoucissent, parce qu’il sent s’accroître les fruits de sa patience à porter sa croix”. (Bk II, Ch. Xii).
et aussi :
“Appliquez-vous à supporter patiemment les défauts et les infirmités des autres, quelles qu’elles soient, parce qu’il y a aussi bien des choses en vous que les autres ont à supporter. Si vous ne pouvez vous rendre tel que vous voudriez, comment pourrez-vous faire que les autres soient selon votre gré ?” (Bk. I, Ch. Xvi).
Le livre traite d’avertissements spirituels, puis de disciplines intérieures et de consolations, se terminant par de longues méditations et prières sur le Saint-Sacrement. La plupart des chapitres peuvent être lus en 5 à 10 minutes chaque jour. Cette oeuvre vous permettra de garder les pieds sur terre et vous mettra au défi quotidiennement, comme il l’a fait pour nos pères avant nous. Maîtrisez votre vie spirituelle avant de prétendre aider quelqu’un d’autre. Mais comme le déclare L’Imitation de Jésus-Christ, “les discours sublimes ne font pas l’homme juste et saint, mais une vie vertueuse le rend cher à Dieu” (Bk. I, Ch. I). Passons donc au point suivant :
III. Priez quotidiennement le Saint Rosaire
Au centre de ces cinq points, nous en arrivons au Saint Rosaire. La liste des saints, des docteurs et des papes ayant promu cette dévotion serait trop longue pour être citée ici. Le sujet recevra toute l’attention qu’il mérite, mais je résumerai brièvement ici.
Le Saint Rosaire est primordial car il comprend les deux formes essentielles de prière : mentale et vocale, comme l’observe saint Louis-Marie Grignon de Montfort [1]. La prière vocale sans la prière mentale n’est qu’une vie spirituelle stagnante, tandis que la prière mentale sans voix est une imagination désarticulée (voir cette introduction aux Neuf Niveaux de la prière). Le Saint Rosaire concentre parfaitement les deux formes de prière dans une méditation quotidienne et puissante sur la vie et les vertus de notre Seigneur et de Notre-Dame. Comme le dit saint Augustin, il n’y a pas d’exercice spirituel plus fécond ou plus utile à notre salut que de tourner continuellement nos pensées vers les souffrances de notre Sauveur. [2]
Comme le Bienheureux Apôtre le déclare : que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées. (Ph. Iv. 8) . Si nous pensons à ces choses, nous deviendrons saints, sur la base de ce principe : “le bien connu par l’intelligence met en mouvement la volonté” (ST I q82 a3).
Lorsque nos pensées sont concentrées sur la vie et les vertus de notre Seigneur, nous nous désintéressons du péché et notre volonté est purifiée. Mais pour y parvenir, comme le souligne saint Louis-Marie Grignon de Monfort, nous ne devons pas rechercher une dévotion sensible ou une consolation spirituelle, sinon notre prière sera désordonnée [3].
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort enseigne que nous devrions tous prier chaque jour un chapelet complet (quinze dizaines) et les trois groupes de mystères. Il s’agit en fait du premier chapelet officiel promu par le pape saint Pie V en 1569, puiqu’il est pieusement admit que c’est ce que voulait dire Notre-Dame quand elle a donné cette dévotion à saint Dominique en lui disant “Mon Psautier” (c’est-à-dire 150 aves)[4]. Cependant, Notre-Dame de Fatima a dit de prier au moins “Un tiers du Rosaire” (soit un chapelet) chaque jour. Conseil important : n’essayez pas un Rosaire complet quotidiennement jusqu’à ce que votre habitude de prier déjà un chapelet soit bien ancrée. Mieux vaut pratiquer votre discipline spirituelle le matin, comme le dit saint François de Sales, mais installer cette routine est la partie la plus importante. En ce qui me concerne, j’ai commencé à prier un chapelet sur mon trajet domicile-travail chaque matin. Ainsi j’étais certain de toujours dire mon chapelet puisque qu’il s’agissait d’un trajet récurrent. Trouvez un créneau où vous pourrez toujours prier votre chapelet et tenez-vous-y.
IV. Jeûnez et faites pénitence pour tous les clercs et pour le Saint-Père.
Une réponse appropriée face à tout pécheur est de faire pénitence pour lui. Afin d’offrir réparation de l’offense faite à la gloire de Dieu, et chercher également à mériter les grâces nécessaires à la conversion de cette âme. Comme il est écrit, Il a intercédé pour les coupables (Is. Liii. 12).
Lorsque nous voyons des dirigeants de l’Église ou d’autres personnes tomber dans le péché et l’erreur, il est facile de se mettre en colère. Mais la colère doit être modérée par la raison, sinon elle peut être désordonnée et pécamineuse (II-II q158 a1). Faire pénitence pour ceux qui ont péché est un acte de miséricorde qui aide également votre propre âme à modérer la colère.
Cependant, Saint Thomas observe également qu’une absence de colère peut parfois être un péché, lorsqu’il y a une raison de se mettre en colère. Ainsi, la colère doit découler d’un raisonnement ordonné et devenir “colère par zéle” afin de grandir en vertu (loc. Cit.). La pénitence est donc aussi une violence spirituelle avec laquelle nous combattons et mettons à mort le vice et le péché par notre juste colère, chez notre frère et en nous-mêmes. Comme il est écrit, si par l’Esprit vous mettez à mort les oeuvres de la chair, vous vivrez (Rom. Viii. 13) et encore : Le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en emparent (Mt. xi. 12). Le jeûne, en outre, modère les excès de l’appétit concupiscible (plaisir), freinant l’efféminement. Terminons par le dernier point.
V. Connaissez la foi et transmettez-la
Nous vivons une période sombre. A saeculum obscuram. Nous vivons à une époque où le sens de ce qui est Catholique est obscurci. Notre tâche est de combattre le bon combat de la foi (I Tim. Vi. 12) de rester fermes et de maintenir les traditions (II Thes. Ii. 14) afin que nous puissions transmettre la foi à nos enfants après nous. Nos pères ont résisté à d’innombrables terreurs en leur temps, et notre foi est la preuve de leur victoire en Christ.
À l’époque où nous vivons, nous ne pouvons malheureusement pas compter sur beaucoup d’évêques. Trop d’entre eux ont été mal formés dans la foi ou ont délibérément travaillé contre la foi pour la renverser. Comme l’a récemment écrit le pape émérite Benoît, au cours des cinquante dernières années, “Certains évêques […] ont rejeté la tradition catholique dans son ensemble, visant dans leurs diocèses à développer une sorte de “catholicité” nouvelle et moderne..”[5]
Heureusement, il n’y a pas de mauvaise foi qui puisse réécrire les œuvres des saints et des docteurs. Il n’y a pas de version expurgée de Denzinger (même si le Nouveau Lectionnaire et le Psautier le sont). Combien de controverses actuelles sur la foi et la morale ont déjà été réglées par l’autorité de l’Église ? Ainsi, pour tenir la ligne contre les ennemis de la Sainte Église, en particulier le modernisme et le “progressisme”, nous devons simplement nous prévaloir de ces ressources. Nous parlerons en détail à l’avenir des livres dont vous avez besoin.
La plupart d’entre nous ont peu d’influence sur le Vatican ou les évêques (bien que ce soit un sujet que nous aborderons à l’avenir), mais nous pouvons confesser la foi et la transmettre à nos enfants. Ceci, pour beaucoup d’entre nous, constitue notre devoir principal. Nous savons que nos enfants ou nos petits-enfants (ou leurs enfants) finiront par voir la liberté et l’exaltation de Notre Sainte Mère l’Église. Ainsi, dans nos défunts, voyons la victoire à venir et faisons notre part pour que nos enfants aient la force de résister au mal.
Notre-Dame des Victoires, priez pour nous.
***
[1]St. Louis de Montfort, The Secret of the Rosary (TAN: 1993), 17
[4]Consueverunt Romani Pontifices (1569). Pope St. John Paul II later promoted also the Luminous Mysteries written by St. George Preca.
[5]Pope Emeritus Beneidct, “The Church and the Scandal of Sexual Abuse,” translated by Anian Christoph Wimmer (2019). Emphasis mine.
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